Le
guignon qui a poursuivi Aloysius Bertrand n’est
plus une fatalité .
Ensemble nous avons
sauvé sa
sépulture !
Association
pour la Mémoire
d’Aloysius Bertrand - Marion Pécher
(Présidente de l'association)
J'ai eu l’occasion d’aller dernièrement au cimetière Montparnasse pour fleurir la tombe de l’auteur de Gaspard de la Nuit. Il n’eut pas la joie de connaître son œuvre éditée puisqu’il mourut après de nombreuses luttes avec son éditeur et un an avant que cela fût rendu possible par les démarches d’un ami.
Quelle surprise, déjà, de constater qu’à l’entrée n’était pas indiquée sa sépulture. Je savais cependant où elle se trouvait grâce à un site Internet que j’avais consulté avant de partir : section 10. Je l’ai donc trouvée facilement (dans l’allée de gauche, le deuxième caveau).
Bon, des grilles rouillées, le nom encore visible mais plus tellement, et une plaque « hommage des commerçants de Paris » cachée derrière le tombeau, sans doute pour honorer la mémoire de son beau-frère… Pour lui, pas une mention « poète », pas une fleur. Moi qui déteste les chrysanthèmes j’ai acheté le plus gros des bouquets pour ensoleiller la tombe. Il suffit parfois de peu…
Quelques jours plus tard j’écrivis à la Mairie de Paris pour leur exprimer mon désappointement, du fait qu’il ne soit pas indiqué comme d’autres (j’ai appris depuis que c’est parce qu’il est peu « demandé », que c’est le problème des personnes connues de la part d’une élite pour la plupart, et ne sont pas des célébrités à proprement parler pour les touristes). La Mairie de Paris me suggéra de me rapprocher de la Conservatrice du cimetière, pour lui exposer ma requête. J’en profitai pour lui demander comment cela fonctionnait pour la tombe, puisqu’elle n’est sous la responsabilité d’aucun descendant.
Je reçus samedi la réponse écrite de la dame. Ensuite une communication téléphonique avec le service de la Démographie de la ville de Dijon compléta mon information. Voici la situation actuelle : la tombe de Louis Bertrand est en danger.
La tombe de Louis Bertrand, étant donnés son état d’abandon et un manquement aux normes en vigueur, a été reprise administrativement. Les os du poète ont déjà récemment failli être exhumés pour être placés dans l’ossuaire du cimetière : problème de place. Tombe à l’abandon. Heureusement, à cette époque une dame, présidente de l’Association Franco-québécoise des Amis d’Aloysius Bertrand, est intervenue. Elle a en 2004, en constatant l’état dans lequel se trouvait la tombe, demandé à la ville de Dijon d’en financer la restauration (Dijon qui commence à trouver un peu agaçant que tout le monde semble croire qu’il y est né alors que non, il est né en Italie !). La même lettre de plusieurs professeurs de littératures est parvenue en plusieurs exemplaires à la ville de Dijon. L’ancien collègue de mon interlocutrice, qui depuis a repris le dossier, s’est rendu sur les lieux : et trouvé que cette tombe n’était pas si mal en point. La restauration a été refusée, la ville de Dijon ayant par ailleurs déjà dédié un buste dans l’un de ses parcs à la mémoire du poète.
Cependant, le maire de Dijon est
intervenu
pour demander d’arrêter la procédure de
reprise. Le chef des Cimetières de
Paris, depuis à la retraite, a renvoyé un
courrier à Dijon expliquant que
l’arrêt de la procédure de reprise
était un mauvais calcul, pour la simple
raison que la reprise par la ville de Paris, qui a par contre
renoncé (pour
l’instant) à l’exhumation et au
placement dans l’ossuaire avec plaque
commémorative, permettait à la
sépulture d’entrer dans le domaine public, afin
de permettre sa pérennisation. Depuis Janvier 2006
la sépulture n’attend donc
plus qu’une demande d’autorisation exceptionnelle
de travaux pour abriter
Aloysius Bertrand sans qu’une énième
épée de Damoclès pèse sur
lui. Or faudra-t-il que sa
dernière demeure
disparaisse, alors qu’il est publié chez
Poésie Gallimard, que Ravel a composé
d’après Gaspard de la Nuit son œuvre du
même nom pour piano, et que des
colloques et travaux de recherche lui sont consacrés,
qu’il figure dans les
manuels et anthologies de littérature ?
De deux choses l’une : soit la tombe continuera de se dégrader, et sera alors ôtée, soit elle sera restaurée. Dans ce dernier cas les choses sont simples : il suffit que le marbrier entre en contact avec le service des Cimetières, qui lui indiquera les choses qui ne vont pas, et aille voir la tombe, ce qui sera fait dans les jours qui viennent. Je sais qu’il manque en l’occurrence des semelles, et des parpins sont disjoints. Le monument devra obligatoirement être, ou très probablement rester s’il est encore en état, en pierre : car la section du cimetière où repose Louis Bertrand est classée. Les grilles seront vraisemblablement ôtées. Notre action commune pourrait enfin assurer un repos digne à Aloysius Bertrand. Le marbrier établira son devis, avec lequel il sera possible à l’association de demander une autorisation exceptionnelle de travaux de réfection quand la somme d’argent nécessaire sera réunie.
Et peut-être alors, m’a assuré la conservatrice du cimetière, permettre son indication sur le panneau d’entrée : surtout si beaucoup de personnes participent à cette demande, parallèlement à la restauration elle-même pour mémoire.
Si nous parvenons à réunir les fonds
nécessaires, en nous mobilisant
nous pourrons assurer la pérennité de sa
dernière demeure à Louis Bertrand (et
sa famille) car tant qu’une tombe est en état,
elle est considérée comme
perpétuelle. Cela permettrait en outre de rappeler son nom
à l’administration
pour indiquer sa tombe, permettre de l’aller visiter, fleurir
la sépulture… Et
de donner à l’auteur du
« fameux » Gaspard de la Nuit
selon les
termes de Baudelaire, les marques de reconnaissance dont il
eût sans doute été
bien heureux de son vivant alors qu’il expliquait
à sa mère dans une lettre
qu’il n’osait plus fréquenter les salons
littéraires à cause de son col trop
usé. Et que cela différait la parution de son
œuvre…
Il n’est jamais trop tard : cette reconnaissance dans nos temps d’oubli, aura d’autant plus de valeur qu’elle se sera fait longtemps attendre.
Je demande la signalisation de la sépulture d’Aloysius Bertrand par mail ou par courrier : par le biais de l'association, qui transmettra au Service Central des Cimetières de Paris lorsque suffisamment de demandes (personnalisées) auront été exprimées :
Association pour la Mémoire d’Aloysius Bertrand
à l'adresse suivante :
Association pour la Mémoire d'Aloysius Bertrand, 50 rue Godefroy, 59110 La Madeleine