ASSOCIATION POUR LA MEMOIRE
D'ALOYSIUS BERTRAND

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Le Bel Alcade L'ange et la fée La pluie Les deux anges Le soir sur l'eau Madame de Montbazon L’air magique de Jehan de Vitteaux La nuit d’après une bataille La Citadelle de Wolgast Le Cheval mort Le Gibet Scarbo À Mr. David, Statuaire

Pièces détachées

(Extraites du portefeuille de l’auteur)


Le Bel Alcade[1]

Il me disait, le bel Alcade :
– « Tant que pendra sur la cascade,
Le saule aux rameaux chevelus,
Tu seras, vierge qui console,
Et mon étoile et ma boussole. »
– « Pourquoi pend donc encor le saule,
Et pourquoi ne m’aime-t-il plus ? »

Romance espagnole.[2]  

 

C’est pour te suivre ô bel Alcade, que je me suis exilée de la terre des parfums, où gémissent de mon absence mes compagnes dans les prairies, mes colombes dans le feuillage des palmiers.

Ma mère, ô bel Alcade, tendit de sa couche de douleurs la main vers moi ; cette main retomba glacée, et je ne m’arrêtai pas au seuil pour pleurer ma mère qui n’était plus.

Je n’ai point pleuré, ô bel Alcade, lorsque le soir, seule avec toi et notre barque errant loin du bord, les brises embaumées de ma patrie traversaient les flots pour venir me trouver.

J’étais, disais-tu alors dans tes ravissements, ô bel Alcade, j’étais plus charmante que la lune, sultane du sérail aux mille lampes d’argent.

Tu m’aimais, ô bel Alcade, et j’étais fière et heureuse : depuis que tu me repousses, je ne suis plus qu’une humble pécheresse qui confesse en pleurant la faute qu’elle a commise.

Quand donc, ô bel Alcade, sera-t-elle écoulée ma source de larmes amères ? Quand l’eau de la fontaine du roi Alphonse ne sera plus vomie par la gueule des lions[3].


L’ange et la fée[4]

Une fée est cachée en tout ce que tu vois.

Victor Hugo[5].

 

Une fée parfume la nuit mon sommeil fantastique des plus fraîches, des plus tendres haleines de juillet, – cette même bonne fée qui replante en son chemin le bâton du vieil aveugle égaré, et qui essuie les larmes, guérit la douleur de la petite glaneuse dont une épine a blessé le pied nu.

La voici, me berçant comme un héritier de l’épée ou de la harpe, et écartant de ma couche avec une plume de paon les esprits qui me dérobaient mon âme pour la noyer dans un rayon de la lune ou dans une goutte de rosée.

La voici, me racontant quelqu’une de ses histoires des vallées et des montagnes, soit les amours mélancoliques des fleurs du cimetière, soit les joyeux pèlerinages des oiseaux à Notre-Dame-des Cornouillers.

*

Mais tandis qu’elle me veillait endormi, un ange, qui descendait les ailes frémissantes du temps étoilé, posa un pied sur la rampe du gothique balcon, et heurta de sa palme d’argent aux vitraux peints de la haute fenêtre.

Un séraphin, une fée, qui s’étaient enamourés naguère l’un de l’autre au chevet d’une jeune mourante, qu’elle avait douée à sa naissance de toutes les grâces des vierges, et qu’il porta expirée dans les délices du Paradis !

La main qui berçait mes rêves s’était retirée avec mes rêves eux-mêmes. J’ouvris les yeux. Ma chambre aussi profonde que déserte s’éclairait silencieusement des nébulosités de la lune ; et le matin, il ne me reste plus des affections de la bonne fée que cette quenouille[6] ; encore ne suis-je pas sûr qu’elle ne soit pas de mon aïeule.


La pluie

Pauvre oiseau que le ciel bénit !
Il écoute le vent bruire,
Chante, et voit des gouttes d’eau luire,
Comme des perles dans son nid !

VictorHugo.[7]

 

Et pendant que ruisselle la pluie, les petits charbonniers de la Forêt-Noire entendent, de leur lit de fougère parfumée, hurler au dehors la bise comme un loup.

Ils plaignent la biche fugitive que relancent les fanfares de l’orage, et l’écureuil tapi au creux d’un chêne, qui s’épouvante de l’éclair comme de la lampe du chasseur des mines.

Ils plaignent la famille des oiseaux, la bergeronnette qui  n’a que son aile pour abriter sa couvée, et le rouge-gorge dont la rose, ses amours, s’effeuille au vent.

Ils plaignent jusqu’au ver luisant qu’une goutte de pluie précipite dans des océans d’un rameau de mousse.

Ils plaignent le pèlerin attardé qui rencontre le roi Pialus et la reine Wilberta, car c’est l’heure où le roi mène boire son palefroi[8] de vapeurs au Rhin.

Mais ils plaignent surtout les enfants fourvoyés qui se seraient engagés dans l’étroit sentier frayé par une troupe de voleurs, ou qui se dirigeraient vers la lumière lointaine de l’ogresse.

Et le lendemain, au point du jour, les petits charbonniers trouvèrent leur cabane de ramée, d’où ils pipaient[9] les grives, couchées sur le gazon et leurs gluaux[10] noyés dans la fontaine.


Les deux anges

Ces deux êtres qu’ici, la nuit, un saint mystère…

Victor Hugo.[11]

 

« Planons, lui disais-je, sur les bois que parfument les roses ; jouons-nous dans la lumière [12] et l’azur des cieux, oiseaux de l’air, et accompagnons le printemps voyageur. »

La mort me la ravit échevelée et livrée au sommeil d’un évanouissement, tandis que, retombé dans la vie, je tendais en vain les bras à l’ange qui s’envolait.

Oh ! si la mort eût tinté sur notre couche les noces du cercueil, cette sœur des anges m’eût fait monter aux cieux avec elle, ou je l’eusse entraînée avec moi aux enfers !

Délirantes joies du départ pour l’ineffable bonheur de deux âmes qui, heureuses et s’oubliant partout où elles ne sont plus ensemble, ne songent plus au retour.

Mystérieux voyage de deux anges qu’on eût vus, au point du jour, traverser les espaces et recevoir sur leurs blanches ailes la fraîche rosée du matin !

Et dans le vallon, triste de notre absence, notre couche fût demeurée vide au mois des fleurs, nid abandonné sous le feuillage.


Le soir sur l’eau[13]

Bords où Venise est reine de la mer.

André Chénier.[14]

 

La noire gondole se glissait le long des palais de marbre, comme un bravo[15] qui court à quelque aventure de nuit, un stylet et une lanterne sous sa cape.

Un cavalier et une dame y causaient d’amour : – « Les orangers si parfumés, et vous si indifférente ! Ah ! signora, vous êtes une statue dans un jardin ! »

– Ce baiser est-il d’une statue, mon Georgio ? pourquoi boudez-vous ? » – « Vous m’aimez donc ? » – « Il n’est pas au ciel une étoile qui ne le sache et tu ne le sais pas ? »

– « Quel est ce bruit ? » – « Rien, sans doute le clapotement des flots qui monte et descend une marche des escaliers de la Giudecca[16]. »

– « Au secours ! au secours ! » – « Ah ! mère du Sauveur, quelqu’un qui se noie ! – Écartez-vous ; il est confessé », dit un moine qui parut sur la terrasse.

Et la noire gondole força de rames se glissant le long des palais de marbre comme un bravo qui revient de quelque aventure de nuit, un stylet et une lanterne sous sa cape.


Madame de Montbazon[17]

Mme de Montbazon était une fort belle créature qui mourut d’amour, cela pris à la lettre, l’autre siècle, pour le chevalier de la Rüe qui ne l’aimait point.

Mémoires de Saint-Simon[18].

 

 

La suivante rangea sur la table un vase de fleurs et les flambeaux de cire, dont les reflets moiraient de rouge et de jaune les rideaux de soie bleue au chevet du lit de la malade.

« Crois-tu Mariette, qu’il viendra ? » – Oh ! dormez, dormez un peu, Madame ! » – Oui, je dormirai bientôt pour rêver à lui toute l’éternité. »

On entendit quelqu’un monter l’escalier. – « Ah ! si c’était lui ! murmura la mourante, en souriant, le papillon des tombeaux déjà sur les lèvres. »

C’était un petit page qui apportait de la part de la reine, à Mme la duchesse, des confitures, des biscuits et des élixirs sur un plateau d’argent.

« Ah ! il ne vient pas, dit-elle d’une voix défaillante, il ne viendra pas ! Mariette, donne-moi une de ces fleurs que je la respire et la baise pour l’amour de lui ! »

Alors Mme de Montbazon, fermant les yeux, demeura immobile. Elle était morte d’amour, rendant son âme dans le parfum d’une jacinthe.


L’air magique de Jehan de Vitteaux[19]

C’est sans doute un des coqueluchiers des cornards d’Évreux, ou un de la confrérie des Enfants Sans-Souci de la ville de Paris, ou bien un ménétrier qui chante la langue d’oc.

Ferdinand Langlé,
Fabel de la Dame de la belle Sagesse[20]

 

La feuillée verte et touffue : un clerc du gai savoir[21] qui voyage avec sa gourde et son rebec[22], et un chevalier armé d’une énorme épée à couper en deux la tour de Montlhéry[23].

le chevalier : – « Halte-là ! ta gargoulette[24], vassal ; j’ai trois grains de sable dans le gosier. »

le musicien : – « À votre plaisir, mais n’y buvez qu’un petit coup, d’autant que le vin est cher cette année. »

le chevalier (faisant la grimace après avoir tout bu) : – « Il est aigre ton vin ; tu mériterais, vassal, que je te brisasse ta gourde sur les oreilles. »

Le clerc du gai savoir approcha, sans mot dire, l’archet de son rebec et joua l’air magique de Jehan de Vitteaux.

Cet air eût délié les jambes d’un paralytique. Or voilà que le chevalier dansait sur la pelouse, son épée appuyée contre l’épaule comme un hallebardier qui va-t-en guerre.

– « Merci ! nécroman[25] », cria-t-il bientôt, hors d’haleine. Et il giguait[26] toujours.

– « Oui-dà ! payez-moi d’abord mon vin, ricana le musicien. Vos agneaux d’or[27], s’il vous plaît, ou je vous mène, ainsi dansant, par les vallées et les bourgs, au pas d’arme de Marsannay[28] ! »

– « Tiens, – dit le chevalier, après avoir fouillé à son escarcelle, et détachant son cheval dont les rênes étaient passées au rameau d’un chêne – tiens ! et m’étrangle le diable si je bois jamais à la calebasse d’un vilain[29] ! »


La nuit d’après une bataille[30]

Et les corbeaux vont commencer.

Victor Hugo[31]

 

I

Une sentinelle, le mousquet[32] au bras et enveloppée dans son manteau, se promène le long du rempart. Elle se penche entre les noirs créneaux de moment en moment, et observe d’un œil attentif l’ennemi dans son camp.

II

Il allume les feux au bord des fossés pleins d’eau ; le ciel est noir ; la forêt pleine de bruits ; le vent chasse la fumée vers le fleuve et se plaint en murmurant dans les plis des étendards.

III

Aucune trompette ne trouble l’écho ; aucun chant de guerre n’est répété autour de la pierre du foyer ; des lampes sont allumées dans les tentes au chevet des capitaines morts l’épée à la main.

IV

Mais voilà que la pluie ruisselle sur les pavillons ; le vent qui glace la sentinelle engourdie, les hurlements des loups qui s’emparent du champ de bataille, tout annonce ce qui se passe d’étrange sur la terre et dans le ciel.

V

Toi qui reposes paisiblement au lit de la tente, souviens-toi toujours qu’il ne s’en est fallu peut-être aujourd’hui que d’un pouce de lame pour percer ton cœur.

VI

Tes compagnons d’armes, tombés avec courage au premier rang, ont acheté de leur vie la gloire et le salut de ceux qui bientôt les auront oubliés.

VII

Une sanglante bataille a été livrée ; perdue ou gagnée, tout sommeille maintenant ; mais combien de braves ne s’éveilleront plus, ou ne se réveilleront demain que dans le ciel !


La Citadelle de Wolgast[33]

– Où allez-vous ? qui êtes-vous ?
– Je suis porteur d’une lettre pour le lord général

Woodstock de Walter Scott[34]

 

Comme elle est calme et majestueuse la citadelle blanche, sur l’Oder[35], tandis que de toutes les embrasures les canons aboient contre la ville et la camp, et les couleuvrines[36] dardent en sifflant leurs langues sur les eaux couleur de cuivre !

Les soldats du roi de Prusse sont maîtres de Wolgast, de ses faubourgs et de l’une et de l’autre rive du fleuve ; mais l’aigle à deux têtes de l’empereur d’Allemagne berce encore ses ailerons dans les plis du drapeau de la citadelle.

Tout à coup, avec la nuit, la citadelle éteint ses soixante bouches à feu. Des torches s’allument dans les casemates[37], courent sur les bastions, illuminent les tours et les eaux, et une trompette gémit dans les créneaux comme la trompette du jugement.

Cependant la poterne de fer s’ouvre, un soldat s’élance dans une barque et rame vers le camp ; il aborde : « Le capitaine Beaudoin, dit-il, a été tué ; nous demandons qu’on nous permette d’envoyer son corps à sa femme qui habite Oderberg sur la frontière ; lorsqu’il y aura trois jours que le corps voguera sur l’eau, nous signerons la capitulation. »

Le lendemain, à midi, sortit de la triple enceinte de pieux qui hérisse l’approche de la citadelle une barque, longue comme un cercueil, que la ville et la citadelle saluèrent de sept coups de canon.

Les cloches de la ville étaient en branle, on était accouru à ce triste spectacle de tous les villages voisins, et les ailes des moulins à vent demeuraient immobiles sur les collines qui bordent l’Oder.


Le Cheval mort[38]

Le fossoyeur. – Je vous vendrai de l’os pour fabriquer des boutons.
Le pialey. – Je vous vendrai de l’os pour garnir le manche de vos poignards.

La Boutique de l’Armurier.[39]

 

La voirie ! et à gauche, sous un gazon de trèfle et de luzerne, les sépultures d’un cimetière ; à droite, un gibet suspendu qui demande aux passants l’aumône comme un manchot.  

*

Celui-là, tué d’hier, les loups ont déchiqueté la chair sur le col en si longues aiguillettes qu’on le dirait paré encore pour la cavalcade d’une touffe de rubans rouges.

Chaque nuit, dès que la lune blêmira le ciel, cette carcasse s’envolera, enfourchée par une sorcière qui l’éperonnera de l’os pointu de son talon, la bise soufflant dans l’orgue de ses flancs caverneux.

Et s’il était à cette heure taciturne un œil sans sommeil, ouvert dans quelque fosse du champ du repos, il se fermerait soudain, de peur de voir un spectre dans les étoiles.

Déjà la lune elle-même, clignant un œil, ne luit plus de l’autre que pour éclairer comme une chandelle flottante ce chien, maigre vagabond, qui lape l’eau d’un étang.


Le Gibet[40]

Que vois-je remuer autour de ce gibet ?

Faust.[41]

 

Ah ! ce que j’entends, serait-ce la bise nocturne qui glapit, ou le pendu qui pousse un soupir sur la fourche patibulaire[42] ?

Serait-ce quelque grillon qui chante tapi dans la mousse et le lierre stérile dont par pitié se chausse le bois?

Serait-ce quelque mouche en chasse sonnant du cor autour de ces oreilles sourdes à la fanfare des hallali ?

Serait-ce quelque escarbot[43] qui cueille en son vol inégal un cheveu sanglant à ce crâne chauve ?

Ou bien serait-ce quelque araignée qui brode une demi-aune de mousseline pour cravate[44] à ce col étranglé ?

C’est la cloche qui tinte aux murs d’une ville, sous l’horizon, et la carcasse d’un pendu que rougit le soleil couchant.


Scarbo[45]

Il regarda sous le lit, dans la cheminée, dans le bahut ; – personne. Il ne put comprendre par où il s’était introduit, par où il s’était évadé.

Hoffmann, Contes nocturnes [46]

 

*

Oh ! que de fois je l’ai entendu et vu, Scarbo, lorsqu’à minuit la lune brille dans le ciel comme un écu d’argent sur une bannière d’azur semée d’abeilles d’or !

Que de fois j’ai entendu bourdonner son rire dans l’ombre de mon alcôve, et grincer son ongle sur la soie des courtines de mon lit !

Que de fois je l’ai vu descendre du plancher, pirouetter sur un pied et rouler par la chambre comme le fuseau tombé de la quenouille d’une sorcière !

Le croyais-je alors évanoui ? le nain grandissait entre la lune et moi, comme le clocher d’une cathédrale gothique, un grelot d’or en branle à son bonnet pointu !

Mais bientôt son corps bleuissait, diaphane comme la cire d’une bougie, son visage blêmissait comme la cire d’un lumignon, – et soudain il s’éteignait.


À Mr. David, Statuaire[47]

Le talent rampe et meurt s’il n’a des ailes d’or.

Gilbert.[48]

 

Non, Dieu, éclair qui flamboie dans le triangle symbolique, n’est point le chiffre tracé de la sagesse humaine !

Non, l’amour, sentiment naïf et chaste qui se voile de pudeur et de fierté au sanctuaire du cœur, n’est point cette tendresse cavalière qui répand les larmes de la coquetterie par les yeux du masque de l’innocence !

Non, la gloire, noblesse dont les armoiries ne se vendirent jamais, n’est pas la savonnette à vilain[49] qui s’achète, au prix du tarif, dans la boutique d’un journaliste !

Et j’ai prié, et j’ai aimé, et j’ai chanté, poète pauvre et souffrant ! Et c’est en vain que mon cœur déborde de foi, du tarif, d’amour et de génie !

C’est que je naquis aiglon avorté ! L’œuf de mes destinées, que n’ont point couvé les chaudes ailes de la prospérité, est aussi creux, aussi vide que la noix dorée de l’Égyptien.

Ah ! l’homme, dis-le moi, si tu le sais, l’homme, frêle jouet, gambadant suspendu aux fils des passions, ne serait-il qu’un pantin[50] qu’use la vie et que brise la mort 



[1] « Le titre de ce poème le rattache à ceux du cinquième livre "Espagne et Italie". » (Note de J. L. Steinmetz, dans Bertrand, Gaspard de la Nuit, Paris, Le livre de poche, 2002, p. 326). Alcade : « mot espagnol : juge ou magistrat municipal » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 308)

[2] « La "Romance espagnole" en vers français, inventée peut-être, est digne de celles que Musset a données dans ses Contes d’Espagne et d’Italie. On y remarque une rime approximative : "saule" rimant avec "boussole". » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 326) 

[3] « Fontaine de la cour des Lions à l’Alhambra de Grenade. Alphonse VIII, dit le Noble (1158-1214), roi de Castille, avait vaincu les Almohades à Las Navas de Tolosa en 1212. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 308)

[4] « On peut rapprocher ce poème d’une pièce en vers de Bertrand qui date de 1827 », intitulée « L’Ange » (Note de Max Milner dans Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit, édition établie par Max Milner, Paris, Gallimard, Poésie/Gallimard, 1980, p. 326.) 

[5] « L’épigraphe est […] empruntée à la trente-huitième des Orientales, "Le Poète au calife", où Hugo s’adresse imaginairement au sultan Noureddin, comblé par Dieu, mais parfois atteint de mélancolie. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 326)

[6] « Un tel objet, subsistance d’un rêve, se voit aussi dans certaines nouvelles de Théophile Gautier, notamment dans Le Pied de momie (dans Le Musée des familles en septembre 1840). » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 308)

[7] « L’épigraphe vient de « Pluie d’été », 24e des Odes et ballades (1828), de Victor Hugo. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 327.)

[8] Dans l'univers médiéval, cheval de marche et de parade.

[9] C’est-à-dire: les chassaient, en les attirant après avoir imité leur chant.

[10] Branches ou branchettes enduites de glu pour prendre les petits oiseaux.

[11] « L’épigraphe est empruntée à "La Lyre et la Harpe" des Odes et poésies diverses (1822), où Hugo fait dialoguer la lyre profane (Chénier) et la harpe mystique (Lamartine). La citation exacte donne : « Deux êtres que dans l’ombre unit un saint mystère/Passent en s’aimant sur la terre/Comme deux exilés du ciel. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 327)

[12] C'est-à-dire: "jouons dans la lumière".

[13]  J. L. Steinmetz note que le poème se rattache au cinquième livre de Gaspard de la Nuit, "Espagne et Italie" (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 327)

[14] « L’épigraphe est empruntée au fragment de bucolique (XXII) d’André Chénier, publié dans le Mercure de France au dix-neuvième siècle, 1826 (t. XXII, p. 241) et dans les Annales romantiques de 1827-1828, sous le titre "Vers inédits d’André Chénier". Le vers entier donne : "Près des bords où Venise est reine de la mer", et comporte également cette évocation "Le gondolier nocturne, au retour de Vesper,/D’un aviron léger bat la vague aplanie". » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 327)

[15] bravo : tueur à gages, spadassin italien.

[16] La Giudecca : grand canal de Venise. (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 309)

[17] « Marie de Bretagne, duchesse de Montbazon (1612-morte à Paris en 1657), eut de nombreuses aventures galantes et, parmi d’autres, fut aimée du duc de Longueville, nommé dans Le Raffiné où Bertrand le montre au bras de Marion De l’Orme. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 327)

[18] « L’épigraphe n’a pu être retrouvée dans les Mémoires de Saint-Simon (1re édition en 1829). » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 327).

[19]  « Une première esquisse de ce poème a paru dans Le Provincial du 12 septembre 1828, signé " J. L. Bertrand" » (Note de Max Milner, op. cit., p. 327)

« Le titre se présente comme celui d’un conte, et la présentation du texte est quasi théâtrale (comme dans La Sérénade). Ce poème, à l’allure de chronique, aurait sans doute appartenu au quatrième livre. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 327). Vitteaux est une localité bourguignonne située dans l’Auxois, en Côte d’Or.

[20] « L’épigraphe provient de l’un des fabliaux du livre de F. Langlé […] : les Contes du gay sçavoir. C’est, au demeurant, le "gai savoir" que désigne Bertrand au cinquième alinéa. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 328.)

[21] « La Gaya scienza, dont parlera Nietzsche, désigne la poésie et, plus spécialement, la poésie érotique des troubadours. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 309.)

[22]  Un rebec est un instrument de musique à trois cordes et à archet en usage au Moyen Age .

[23] « Ce village du Hurepoix, dans l’Essonne, comporte un ancien château (détruit par Louis VI). » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 309).)

[24]  La gargoulette est un vase de terre poreuse dans lequel les liquides se rafraîchissent par évaporation .

[25] Nécroman : « sorcier qui fait revenir les morts » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 309.)

[26] Giguer : « ancien mot pour danser » . (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 309.)

[27] Agneau d’or : « pièce frappée sous Saint Louis et sous Charles VII dont l’avers est à l’image de saint Jean Baptiste et dont le revers porte un agneau avec la légende « Ecce agnus Dei ». (Note de J. Bony, dans Bertrand, Gaspard de la Nuit, Paris, GF-Flammarion, 2005, p. 385)

[28] Marsannay est un village près de Dijon. Le « pas d’arme de Marsannay » est un « célèbre tournoi organisé en 1443 par Pierre de Beaufremont dans ce village voisin de Dijon. » (Note de Max Milner, op. cit., p. 327)

[29]  Vilain : homme de basse origine .

[30] « Ce poème est une "chronique" divisée en sept parties notées d’un chiffre romain. Le titre semble faire écho à celui d’un tableau. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 328.)

[31] « L’épigraphe est extraite de la "Bataille perdue", seizième des Orientales de Hugo. C’est Reschid, le pacha vaincu, qui s’exprime ici : "Les braves ont fini. Maintenant ils reposent/Et les corbeaux vont commencer. " » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 328.)

[32] Ancienne arme à feu portative, plus lourde que l'arquebuse, qu'on posait au sol sur une petite fourche et qu'on allumait avec une mèche.

[33] « Une première version de cette pièce fut publiée sans signature le 8 mai 1828 dans Le Provincial. » (Max Milner, op. cit., p. 328) « Wolgast, ville de Poméranie située sur un bras de l’embouchure de l’Oder, eut à subir de nombreux sièges. Occupée en 1628 par Wallenstein, en 1630 par les Suédois, en 1637 par les Impériaux, en 1638 de nouveau par les Suédois, elle fut conquise en 1675 par le Grand Electeur de Brandebourg, et pillée et mise en cendres en 1713 par les Russes. » (Max Milner, op. cit., p. 329)

[34] « L’épigraphe empruntée au Woodstock de W. Scott, souvent cité par Bertrand (chapitre VIII) –une sentinelle s’adresse au personnage de Robert Waldrake–, annonce la venue du messager au quatrième alinéa. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 328.)

[35] Fleuve d’Europe centrale.

[36] Couleuvrine : ancien canon dont le tube était long et effilé.

[37] Casemate : « abri enterré situé dans un fort à proximité des emplacements de combat. Il servait à entasser les munitions et à loger les troupes. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 309.)

[38] « Ce sujet digne d’un Rembrandt, entre en résonance avec les romans macabres de l’époque aussi bien qu’avec L’âne mort et la femme guillotinée de J. Janin et le dernier chapitre de Notre-Dame de Paris de Hugo (qui se situe à Montfaucon) » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 328.)

[39] « L’épigraphe, typique de l’humour noir, et sans doute inventée, met en scène un fossoyeur (voir la rencontre d’Hamlet et du fossoyeur dans le drame de Shakespeare) et un « pialey », mot bourguignon pour désigner un « écorcheur de chevaux morts »[…] » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 328.)

[40] « Dans une lettre à Bertrand du 24 janvier 1829 (voir Œuvres complètes, p. 856), Ch. Brugnot parle du Gibet ; mais il s’agit alors visiblement d’un poème en vers, non retrouvé depuis. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 329.)

[41] « L’épigraphe, qui vient du Faust de Goethe, ne cite pas la traduction qu’en avait faite Nerval. Elle montre une scène où, Faust et Méphistophélès galopant de nuit en plein champ sur des chevaux noirs, Faust dit : « Qui se remue là autour du lieu du supplice ? » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 329.)

[42] Les fourches patibulaires désignent un gibet, celui-ci était en effet composé à l'origine de deux fourches plantées en terre, supportant une traverse à laquelle on suspendait les suppliciés.

[43] escarbot : nom de divers coléoptères (notamment scarabée et hanneton).

[44] « La corde du pendu était parfois appelée familièrement "cravate de chanvre". » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 310.)

[45]  Le deuxième poème du livre III de Gaspard de la Nuit  ("la Nuit et ses prestiges") porte également ce titre.

[46] « L’épigraphe, empruntée à Hoffmann, le grand auteur fantastique allemand (1776-1822), qui a inspiré à Bertrand jusqu’au sous-titre de son livre, n’a pu être localisée. Bertrand, du reste, s’est contenté d’indiquer "Contes nocturnes", sans autre précision. La localisation de la citation, si elle est vraie, est d’autant plus délicate qu’à l’époque, dans les traductions, celle de Loève-Veimars notamment, la dénomination Contes nocturnes ne renvoyait pas nécessairement aux seuls Nachtstücke d’Hoffmann. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 329.)  Ajoutons que la référence est peut-être plus malicieuse qu’il n’y paraît. On voit en effet dans l’un des Contes nocturnes, stricto sensu, « L’Église des Jésuites », un personnage nommé Aloysius Walter, dépositaire d’un manuscrit que –dit-il–  « l’éditeur des Contes fantastiques dans la manière de Callot, avec son habituelle frénésie, […] aurait bien vite retaillé et fait imprimer aussitôt ; […] » (E.T.A. Hoffmann, Contes nocturnes, texte français par Madeleine Laval et André Espiau de la Maëstre, préface d’Albert Béguin, Phébus libretto, Paris, 1979, p. 144.)

[47] « Ce titre-dédicace fait écho à la dédicace initiale de Gaspard de la Nuit à Hugo et, à celle, finale, à Charles Nodier. Sainte-Beuve, en revanche, ne figure pas dans le titre d’un poème […]. Ce titre a d’autant plus une allure testamentaire qu’il s’adresse à quelqu’un qui a veillé sur les derniers jours du poète. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 329.)

[48] « L’épigraphe provient du très célèbre poème de Gilbert, écrivain du XVIIIe siècle (1750-1780), Le Poète malheureux, ou le génie aux prises avec la fortune, œuvre prémonitoire où Bertrand n’a pas manqué de reconnaître son destin. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 329.)

[49] « Expression proverbiale : charge qu’on achetait pour s’ennoblir. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 310.)

[50] « On pense au théâtre de marionnettes, à Polichinelle et au théâtre d’ombres de Séraphin évoqués dans la Préface. » (Note de J.-L. Steinmetz, op. cit., p. 310.)